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L'extraordinaire croissance de l'inégalité en Amérique

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« Most Americans would look at these charts and conclude that inequality is out of control. The president, on the other hand, seems to think that inequality isn’t big enough » - beaucoup d'Américains regarderaient ces graphiques et conclueraient que l'inégalité est hors de contrôle. Le président, par contre, semble penser que l'inégalité n'est pas assez importante - ainsi se termine cet article « Our Broken Economy, in One simple chart » du The New York Times du 7 août dernier. Il montre que dans les trois dernières décennies la croissance de la richesse s'est progressivement décalée vers les très très très hauts revenus (les 0,001%) et que même le haut des classes moyennes est perdant.

De la dette à la guerre

baillon.pngLorsque les Européens sont partis à la découverte/conquête du monde, l'organisation sociale chez nous tournait autour de ce que Germaine Tillion a appelé « la république des cousins » alors que la quasi-totalité des peuples que nous sommes allés rencontrer vivaient dans des « républiques des beaux-frères ».
Mon objet ici est de rapprocher ces formes de structuration sociale avec les formes du rapport aux autres qu'elles induisent : pacification par la réciprocité et l'institution du don/contre-don d'un côté (l'interdépendance comme système), pacification par le rapport de forces entre groupes auto-suffisants (l'autonomie comme système). Dans le premier cas l'exogamie est au fondement de la société, dans le second c'est l'endogamie, dans sa forme spécifique du bassin méditerranéen, avec ce qu'elle comporte comme situation de domination de la femme. Ce texte est un essai de rapprochement des hypothèses de Germaine Tillion et des thèses développées par David Graeber dans son livre Dette, 5000 ans d'histoire.

L'empathie, un ancien outil de l'évolution des espèces

Note de lecture

Le livre de Frans de Waal, « L'Âge de l'Empathie » porte un titre qui sonne comme le manifeste d'un devenir linéaire qui serait la prochaine étape de l'évolution humaine. C'est presque dommage tant ce livre marque, à mon sens, un tournant dans la vision du monde qui nous a été proposée depuis Hobbes,  qu'il contredit cmplètement car, comme le montre très bien Frans de Waal, l'empathie - qui pousse à s'intéresser à l'autre - se compte en centaines de millions d'années(1). Si l'empathie est si vieille, et partant, si ancrée dans l'évolution des espèces sociales qui ont conduit jusqu'à nous et en nous-mêmes, pourquoi diable vivons-nous dans un système qui promeut la « guerre de tous contre tous » ?

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Théoriser la différence pour construire l'inégalité, "le sauvage et le préhistorique"

Note de lecture

SauvagePrehistorique.pngMarylène Patou-Mathis s'est intéressée à la construction d'un « Autre », différent, dans la société occidentale depuis que celle-ci a découvert le monde dans son étendue géographique (le sauvage) mais aussi dans son étendue temporelle (le prhéhisitorique) à partir du XVème siècle. L'Europe, où il ne subsistait plus de chasseurs-cueilleurs, découvrait un monde qui en était rempli tandis qu'en son sein on interprétait les ossements d'hommes qui ne pouvaient évidemment pas être antérieurs au Déluge. Qui étaient-ils, des Gaulois ? Assez vite pourtant on va savoir estimer les âges des couches géologiques et tout cela apparaît incroyablement étrange et déstabilisant pour des gens qui se prenaient eux-même pour la crème de l'humanité. Et qui vont tenter de le justifier.
Dans son livre « Le sauvage et le préhistorique, miroir de l'homme occidental » (Odile Jacob), extrêmement fouillé, elle fait preuve d'une érudition sur la question qui fait de cet ouvrage très riche et dense une œuvre majeure dans la réflexion sur les idéologies de ségrégation. C'est un livre passionnant et facile à lire.

Pourquoi l'inégalité ?

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Assemblée générale Nuit Debout - Place de la République à ParisNous vivons dans des sociétés inégalitaires, c'est un euphémisme. Derrière le terme se trouvent des situations absolument inhumaines, des différences de fortunes et de situations qui vont du luxe et du gaspillage absolus de quelques-uns jusqu'à ces enfants qui survivent sur des montagnes d'immondices et ceux qui meurent de faim et de soif. « Nous sommes les 99% » était le slogan d'Occupy Wall Street, ce mouvement américain qui était le pendant des occupations de places des Indignados espagnols, du Printemps arabe, des émeutes populaires en Grèce et ensuite de Nuit Debout en France.

Tous ces mouvements se levaient contre les inégalités criantes, aussi bien économiques que démocratiques. Les Indignados en Espagne réclamaient « une vraie démocratie tout de suite » (¡Democracia Real ya!). Toutes ces contestations majoritaiement non-violentes (mais fortement réprimées) avaient pour point commun la prise de parole, la réflexion collective, la discussion sur les situations vécues et les moyens de les transformer. Elles ont toutes été le lieu d'une prise en mains par les participants eux-mêmes de la définition politique, jusque-là réservée aux organisations et appareils qui font métier de représenter la parole qu'ils ne donnent pas au peuple, mais dont ils définissent les contenus et les objectifs. Les Islandais sont allés jusqu'à écrire eux-mêmes une nouvelle constitution. Par leur contenu, par leur forme même, par leurs revendications exprimées, tous ces mouvements se situaient dans une optique d'une stricte égalité entre tous, au point d'avoir inventé des modes de prise de parole et de vote afin de garantir l'égale expression de tous et la prise en compte des différentes opinions et des différentes situations. Les Indignados passaient parfois plus de temps à se mettre d'accord sur les modalités de la discussion, afin de garantir que personne dans l'assemblée ne prendrait le pouvoir sur les autres, que sur l'objet même du débat.

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