L'esclavage augmente en Europe
Carte de répartition de l'esclavage moderne dans le monde (source https://www.globalslaveryindex.org/index/)
Il y aurait actuellement plus de 45 millions d'esclaves dans le monde, à la fois sous la forme de l'esclavage ancien (une personne qui est une chose propriété de quelqu'un) mais surtout sous la forme de ce qu'on appelle l'esclavage moderne. Cet esclavage nous concerne à la fois parce qu'il se développe en Europe mais aussi parce que, dans le monde, il sert à produire des biens que nous consommons.
Mais qu'entend-on par esclavage moderne ? Ce sont différentes formes de travail forcé, souvent accompagné de violences et de sévices sexuels. Parmi ceux-ci la prostitution (d'adultes comme d'enfants), le mendicité, le travail domestique, les ateliers clandestins et, dans certains pays, le travail d'enfants dans la production, par exemple de cacao ou dans des activités dangereuses comme l'extraction minière de métaux précieux ou de diamants. On considère également comme relevant de l'esclavage l'enrôlement d'enfants soldats et bien entendu les formes d'esclavage anciennes telles que l'esclavage pour dettes ou l'esclavage héréditaire. Le mariage forcé est également assimilé à l'esclavage. Le Comité contre l'esclavage moderne en fait une description détaillée sur son site.
Dans le monde l'esclavage se développe selon les études de la Fondation Walk Free. La Fondation estime que 58 % des personnes en esclavage dans le monde se trouvent dans 5 pays, par ordre d'importance : Inde, Chine, Pakistan, Bangladesh et Ouzbékistan. Les pays européens sont les moins concernés, mais depuis 2017 l'augmentation de l'esclavage en Europe devient préoccupant. Les pays les plus concernés sont la Roumanie, la Grèce, l'Italie, Chypre et la Bulgarie. C'est là que l'on constate le plus grand taux de travail forcé sur le territoire de l'Union européenne. Aux frontières de l'Europe c'est en Turquie que le phénomène est observé. Ces pays ont tous la même particularité : ils sont les portes d'entrée des migrants et des réfugiés en Europe. C'est là que les trafics se développent et que ces personnes en situation de grande fragilité sont les plus vulnérables. Les secteurs les plus concernés sont l'agriculture, la construction et les services, selon l'étude de Versisk Maplecroft.
La France est également concernée par ce phénomène, bien que dans une moindre mesure. On estime aujourd'hui à 8.500 le nombre de personnes qui se trouvent en situation d'esclavage en France. Pour avoir les moyens de lutter contre les nouvelles formes de l'esclavage, une loi a été votée le 23 juillet 2013, elle a ainsi défini le travail forcé comme le « fait d'exercer à l'encontre d'une personne l'un des attributs du droit de propriété ».
L'esclavage des enfants
On estime à plus de 250 000 le nombre d'enfants exploités aujourd'hui comme enfants soldats dans une trentaine de zones de conflit dans le monde. Un grand nombre des filles enlevées et transformées en enfants soldats deviennent également des esclaves sexuelles.
- L'Organisation internationale pour les migrations estime que chaque année, 700 000 femmes, filles, hommes et garçons font l'objet d'une traite transfrontalière et réduits en esclavage.
- On estime à 5,7 millions le nombre d'enfants soumis à un travail forcé et asservi, ce qu'on appelle aussi servitude pour dettes, et à 1,2 million le nombre d'enfants victimes de la traite
- La traite s'accompagne de l'exploitation commerciale sexuelle d'enfants dont 1 million, essentiellement des filles, sont chaque année forcés de se prostituer. Ces filles sont vendues comme prostituées ou à des fins de pornographie infantile tant dans les pays développés que dans les pays en développement.
Source ONU : http://www.un.org/fr/events/slaveryabolitionday/modernslavery.shtml
En savoir plus
Le Comité Contre l'Esclavage Moderne : http://www.esclavagemoderne.org
La Fondation Walk Free : https://www.globalslaveryindex.org/ (en anglais)
Articles de presse
- « 77 % des jeunes migrants » décrivent des expériences de "torture, tabassage, meurtre, esclavage, trafic, viol", Libération, 12/9/2017
- « Jana, kidnappée en Europe pour esclavage sexuel, témoigne » - Le Nouvel Obs, Rue 89, 13/6/2010
- « Travailleurs migrants en Grèce : un esclavage connu de tous » - Mediapart, 6/5/2013
- « En Allemagne des immigrés dénoncent un "esclavage moderne" » - Mediapart, 9/12/2013
- « L'Union européenne, nouveau territoire de l'esclavage moderne » - Libération, 16/8/2017
- « Migrants : les esclaves de Libye » sur la prostitution des femmes, Paris-Match, 24/9/2016
- « Migrants sur la route de l'Europe : "En Libye nous ne sommes que des esclaves" » - Le Monde, 31/10/2017
- « Esclavage des migrants en Libye : des responsabilités collectives » analyse les conditions qui mènent migrants et réfugiés jusqu'à l'esclavage, et le peu de cas de la communauté internationale, blogs du Monde diplomatique, 22/11/2017
- « Migrants being sold as slaves » - CNN a filmé un marché aux esclaves en Libye, CNN, 13/11/2017
- « Libye : certains migrants africains sont transformés en esclaves » - reportage d'Africa News du 11/6/2017
- « Le risque d'esclavage moderne est au plus haut en Europe » - Mediapart, 15/8/2017
- « La mise en esclavage d'Africains est-elle plus acceptable en Mauritanie qu'en Libye ? », Le Monde, 21/11/2017
- « 73 millions d'enfants de 5 à 11 ans contraints de travailler dans le monde » - Le Monde, 16/11/2017
- « Mauritanie : "je paie au prix de ma liberté la lutte pacifique contre l'esclavage" » - Le Monde, 13/11/2017
- « Human Rights Watch dénonce les viols et l’esclavage sexuel dans le conflit centrafricain » - Le Monde, 5/10/2017
- « Les infractions de traite et d’exploitation des êtres humains en hausse en France, selon une étude du ministère de l’intérieur » - Le Monde, 22/10/2021
- ...et tant d'autres