L'inégalité est un crime contre l'humanité

Cet article de la revue Nature (en anglais) est tout à fait explicite : la pauvreté obère le développement du corps et de l'esprit, dès les premières semaines du nourrisson.
« How poverty affects the brain » montre les effets délétères de la pauvreté tant sur la mère, plus souvent dépressive à la naissance de l'enfant que dans les milieux aisés, que sur le nourrisson, le bébé, le petit enfant, l'enfant, l'adolescent et l'adulte. La mesure du moindre développement cérébral, des retards de croissance, de la taille adulte diminuée confirme ce qui avait déjà été observé à Londres au XIXème siècle : les ouvriers y faisaient en moyenne 15 cm de moins que les aristocrates.
HomelessParis_7032101.jpgL'étude montre que l'inégalité sociale crée des mécanismes de constitution d'inégalité des êtres, dans leur développement même et vérifier l'impact d'autres éléments comme l'attention, l'affection ou le soin ne modifie pas le constat. La pauvreté, le statut d'infériorisation, abaissent et rabaissent tout, le corps comme l'esprit, appauvrit les relations, appauvrit les interactions avec le bébé et condamne dès la naissance le petit humain.
Évidemment, dans ces questions, les femmes sont aux premières loges. Elles portent et nourrissent les enfants pendant toute la période de gestation au cours de laquelle le fœtus subit les carences portées par le corps de la mère lorsquelle celle-ci ne parvient pas à s'alimenter convenablement, ce qui est une caractéristique de la pauvreté et pire encore dans la grande pauvreté. Les femmes sont éduquées pour se priver, mieux alimenter leur mari qu'elles mêmes lorsqu'il n'y en a pas assez pour deux et elles se privent encore lorsqu'il s'agit de satisfaire aussi leurs enfants. Dans « Pourquoi les femmes sont plus petites que les hommes » (video ici), ce documentaire d'Arte expose les contraintes qui s'imposent ainsi aux femmes et que les femmes pauvres subissent plus que les autres, incorporant leur propre stress dans les petits corps qu'elles portent.
Or, la pauvreté n'est pas une fatalité. Elle ne fait pas partie de la constitution même des personnes mais provient des politiques de prédation et d'accaparation qui, en accumulant les richesses entre quelques mains en privent toutes les autres. Nos sociétés ont développé des mécanismes de légitimation de cette accaparation, ont valorisé les individus des cultures de l'accumulation qui se comportent en prédateurs au détriment des autres et de leur environnement. Ce sont des règles qui s'imposent par la force de lois, de polices et d'armées et qui pourraient être différentes, inversées. Justement parce que ce sont des règles, des décisions humaines, qui créent, maintiennent et amplifient ces situations d'accumulation et de prédation et que leurs effets sont délétères pour la majorité de l'espèce humaine, ces règles sont constitutives de crime contre l'humanité.
L'étude des conséquences de la pauvreté et de la pauvreté extrême sur le développement de l'embryon et de la petite enfance ne fait que mettre en lumière la violence par laquelle s'impose à ceux qui la subissent cette pauvreté, qui les atteint dans leur constitution et diminue leurs capacités.
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3p-30x27.pngKate Pickett et Richard Wilkinson montrent comment les inégalités modifient les corps, les comportements, la santé, la culture, le bien-être, le développement personnel de chacun. « Pourquoi l’égalité est meilleure pour tous », chez Les Petites Mains.

 

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