idéologie

Du fémicide à l'OQTF, discours d'extrême-droite

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Les discours sur l’immigration hantent la sphère politique française depuis que le Front national a réussi à ravir la mairie de Dreux, en 1983[Slate], dans le cadre d’une alliance avec la droite dite « républicaine », à l’époque le RPR, Rassemblement pour la République, aujourd’hui Les Républicains. Une porosité politique qui, les années passant et malgré la rectitude morale de certains ténors du parti, ne se dément pas et on se souviendra de l’alliance entre le patron des Républicains et le Rassemblement national lors des élections législatives de juillet 2024[Slate].
 
Comme le dit François Héran, dès son cours introductif au Collège de France, les discours sur l’immigration dans la sphère politique relèvent d’une « politique d’opinion », à propos de laquelle il ajoute « dont il faut toujours rappeler qu’elle n’est pas synonyme de démocratie, car elle saute l’étape cruciale de la délibération, laquelle doit être dûment informée. »[Héran, § 61] C’est à cette information que François Héran tient en rendant publiques des analyses de chercheur, souvent à contre-courant de ce que dit le discours politique qui, pour l’essentiel, mobilise des faits divers pour remettre au centre du jeu [entre] politiques des gens qui ont peu de moyens, sinon aucun, de faire entendre leur propre point de vue, les immigrés. À ce sujet sa leçon inaugurale[CdF] au Collège de France est particulièrement intéressante.
 

De l'agriculture à l'inégalité

Note de lecture

« Les dix millénaires oubliés qui ont fait l'histoire », de Jean-Paul Demoule, Fayard, nov. 2017

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Suivre la conférence sur le même thème du 10 octobre 2017 aux Rendez-vous de l'histoire de Blois

Avec son livre paru en octobre 2017, intitulé « Les dix millénaires oubliés qui ont fait l'histoire, quand on inventa l'agriculture, la guerre et les chefs », Jean-Paul Demoule vient insister sur cette période du Néolithique qui a forgé les sociétés inégalitaires dans lesquelles nous vivons désormais.

La petite graine du papa

Lors d'une récente soirée cabaret, deux chansons, de deux auteurs-interprètes différents, se sont succédées en évoquant « la petite graine du papa », qu'il dépose dans la maman. Cette succession rapide du même thème a attiré mon attention et j'ai remarqué l'assentiment général donné à cette expression, expression d'un lieu-commun. Nous connaissons tous la suite de cette action, qui compare la relation sexuelle à la plantation d'une graine dans un pot ou dans un champ. Il n'y a plus qu'à attendre que ça pousse1.

Quels sont les développements de cette idée ? On voit bien qu'il y a un actif (le papa qui dépose) et un passif (la maman qui reçoit). Pour la suite, à l'image du pot ou du champ, la graine sera active en se développant, en faisant émerger la vie qui va alors s'épanouir au sein d'un corps passif qui l'héberge et dont elle se nourrit.

Tous les stéréotypes d'une culture sont déjà présents dans la seule expression « la graine de papa ». Un stéréotype qui dit que la vie est générée par l'homme, qui est non seulement l'origine mais le principe créateur lui-même et attribue ainsi la division actif/passif à chaque  sexe, essentialisant l'un et l'autre2.

La révolution néolithique - Jean-Paul Demoule

Note de lecture

La révolution néolithique, Jean-Paul Demoule, Éditions le Pommier et Éditions de la Cité des Sciences et de l'Industrie, 2015 (1ère édition 2008)

J'ai envie de commencer cette note de lecture par le paragraphe de conclusion du livre, qui résume finalement les leçons que l'on peut tirer de l'observation de l'histoire de la néolithisation des sociétés humaines : « On présente aujourd'hui la croissance indéfinie et le libéralisme économique mondialisé comme le seul horizon désormais possible et pensable, imposé par une sorte de loi naturelle transcendante. L'archéologie et l'histoire nous montrent l'exemple de trajets et de choix bien plus variés et complexes. Elles nous montrent aussi qu'il a existé de mauvais choix – ceux des Mayas ou des Pascuans, par exemple. Elles nous montrent finalement qu'il n'est pas interdit de réfléchir sur nos choix actuels, voire de les infléchir » (p. 127).

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