Stephen, un homme d'ailleurs et d'ici

 
J'ai cherché des illustrations pour mes billets sur l'empathie et sur l'image de l'Autre. Il fallait quelque chose pour accompagner les descriptions de Frans de Waal sur notre penchant à la coopération et quelque chose pour illustrer les propos de Marylène Patou-Mathis sur l'infériorisation du « Sauvage ». Et je suis tombé sur cette vidéo de Stephen (il précise que c'est son « nom anglais » parce que son nom, son identité, lui-même ce n'est pas ça, mais il ne dit d'ailleurs pas quel nom il a dans la culture aborigène : où l'on voit que l'acculturation est d'abord une négation de soi).
Voyez la vidéo en entier, l'ensemble de la séquence est poignant. « Stephen » fait partie de cette génération qui est encore un « sauvage » et déjà un « civilisé » (voir le billet sur l'Autre pour ne pas se méprendre sur ces termes). Tel Janus, il voit et sent chacune des deux identités, celle qui se meurt et celle qui s'impose. Quand il parle de lui, c'est de nous qu'il parle, de ce qui nous manque, de ce que nous lui enlevons, de l'étouffement que notre civilisation impose à nos instincts coopératifs, à nos relations réciproques.
 
fivestar: 
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