Une CSG pour les jeunes ?

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Les nouvelles chaînes sont invisibles, elles s'appellent « la loi » qui s'applique aux puissants avec douceur et aux faibles avec férocité
 
Le gouvernement va donc supprimer 5 € mensuels d'APL pour les jeunes. Les jeunes qui doivent faire des efforts. En même temps, il augmente la CGS pour les retraités. Des retraités qui doivent faire des efforts « pour les plus jeunes générations et pour récompenser le travail ».
En fait, les jeunes font des efforts pour les vieux et les vieux font des efforts pour les jeunes. La société fait des efforts pour... pour qui ? Ah, oui, la société supprime l'essentiel de l'impôt sur la fortune parce que les jeunes et les vieux riches ne doivent surtout pas faire d'efforts pour personne. Les riches ont déjà fait des efforts pour devenir riches, par exemple : ils ont hérité de leur famille, ils sont rentiers.
Mais, comme le montre cet article de La Tribune, la suppression des dispositifs de départ anticipé à la retraite ou de non-obligation de recherche d'emploi quand on est un chômeur âgé, ont déjà eu des conséquences envers les jeunes : comme les vieux restent plus longtemps au boulot, les jeunes sont les seuls à ne pas en trouver assez. « Le taux [d'emploi]  des 50-64 ans est celui qui a le plus progressé entre le premier trimestre 2003 et le deuxième trimestre 2017. À l'inverse, celui des 25-49 ans a légèrement diminué sur la même période et celui des 15-24 ans est celui qui a le plus chuté passant de 25,5% à 21,3% ». Clairement, alors que l'article vise à montrer à quel point tout va bien, il nous dit surtout que, pour les 50 - 64 ans le nombre d'emplois a augmenté mais que pour tous les autres il a diminué. Et plus on est jeune, plus on est dans la merde.
Que nous dit d'autre cette analyse de la situation ? Elle nous dit que si le taux d'activité des "séniors" est au mieux de sa forme, la forme n'est pas au rendez-vous pour les séniors eux-mêmes. 
D'abod, les séniors ont certes un boulot, mais c'est dans cette catégorie qu'on trouve le plus de contrats à temps partiel et cela pour deux raisons : soit ils sont imposés par l'employeur, soit ils sont imposés par l'état de santé de la personne. Car tous les bons taux qui nous sont motrés « masquent une dégradation de l'état de santé des plus âgés au travail », soit quand on traduit en français : les personnes âgées font des travaux pénibles qui leur abîment la santé et, lorsqu'ils travaillent à temps partiel ils n'ont pas les moyens ni de se soigner ni de manger convenablement. C'est pourquoi les personnes âgées sont de plus en plus nombreuses à se ravitailler au Secours populaire ou aux Restos du Cœur tout en ayant un travail.
Quant aux plus jeunes, ils ont plus de mal à trouver un emploi, à accéder à un logement et à se soigner, pour certaines catégories de jeunes l'absence de soins dégrade également la santé. « 10 % des moins de 20 ans ont un reste à charge de 710 euros par an, soit 60 euros par mois. Ces statistiques peuvent expliquer que le renoncement aux soins soit plus élevé dans cette catégorie d'âge : 5,3 % des 18-39 ans, selon une enquête de l'Irdes, renoncent à se soigner pour des raisons financières, contre 4,7 % des 40-64 ans et 3,2 % des plus de 65 ans » - lit-on dans cet article des Echos concernant les raisons des mobilisations des jeunes contre la loi Travail.
 

Mais pourquoi cette agitation autour de la CSG ?

En fait, je ne sais pas, alors je fais des hypothèses. Il y avait un truc qui s'appelait la CRDS (Contribution pour le remboursement de l'aide sociale) créé par Alain Juppé en 1996 pour 5 ans, mais qu'on a continué à nous extorquer bon an mal an depuis. Il se trouve qu'une loi organique lui a mis une date de fin, en 2017.  Nous y sommes. Désormais, c'est l'État qui doit compenser sur fonds propres la dette sociale et comme les fonds propres de l'État sont nos petits sous à nous qu'il nous prend contre notre gré en usant d'astuces et de malice, il faut trouver de quoi compenser la suppression de la CRDS. Et là, on nous sort les violons de la solidarité des vieux envers les jeunes comme on nous l'a déjà jouée dans l'autre sens quand il s'est agi d'instaurer la CSG (qui contribue au financement de la vieillesse). 
Sauf que, lorsque Rocard a imaginé la CSG c'était pour un faible taux et sur tous les revenus y compris ceux du capital (qu'il aurait fallu renforcer par la suite, mais bon...). Et que les violons du temps présent sont dans la droite ligne des discours sur l'assistanat : que payent les pauvres pour les autres pauvres. 
À cet égard il est intéressant de voir comment la CADES utilise l'argent de la CRDS pour rembourser la dette sociale : en empruntant auprès des organismes financiers à des taux de 4,175% !  En clair, on te prend 100 balles dans la poche et on en transfère illico 4,175 à un margoulin de banquier. C'est cet emprunt qui se terminait le 25 avril dernier. Lire ici le communiqué de presse de la CADES, à l'époque de l'emprunt, qui est disparu depuis de leur site mais qui reste dans les archives de Wikiwix (que je mets là en PDF au cas où).

 


fivestar: 
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