Glanages, #4

Après un petit répit, retour des glanages. Soleil, plage, châteaux de sable, dessin, apéros, manèges, beaucoup de lecture d'histoires courtes pour petis enfants... il est des semaines de congés dont l'intensité ne le cède en rien aux semaines de travail. Mais on redevient vite adulte.

  • Démanteler le code du travail qui sert rien qu'à embêter les patrons ? L'Espagne a pris de l'avance. Ce reportage d'Euronews fait bien comprendre qui en profite, qui trinque. Devinez !

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  • clito.pngDémanteler les préjugés. C'est ce que fait cet article du Monde à propos du cunnilingus. Pour qu'on s'y remette plutôt deux fois qu'une ? Ah, ben non. L'article est plein de références à des bouquins écrits par des hommes, sans aucun doute un gage de sérieux, qui nous expliquent qu'on (nous, les hommes) ne sait pas s'y prendre et, quand bien même on saurait, ce n'est pas efficace. À éviter, en somme. Et les femmes, qu'en pensent-elles ? C'est un peu comme la découverte du clitoris, faite deux fois... par des hommes, plus observateurs que les premières concernées, sans doute. J'ai appris grâce à cet article de la Wikipedia que l'excision a aussi été préconisée, par des hommes, (et pratiquée) en Europe. Et, par ailleurs, les hommes du monde industriel ont de moins en moins de sperme et de moindre qualité. C'est sans rapport, quoique. Mais bon, tout ça, ça ne concerne que les autres, hein ?
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  • InegalitesAmerique.pngL'extraordinaire croissance de l'inégalité en Amérique - « Most Americans would look at these charts and conclude that inequality is out of control. The president, on the other hand, seems to think that inequality isn’t big enough » - beaucoup d'Américains regarderaient ces graphiques et conclueraient que l'inégalité est hors de contrôle. Le président, par contre, semble penser que l'inégalité n'est pas assez importante - ainsi se termine cet article « Our Broken Economy, in One simple chart » du The New York Times qui montre que dans les dernières décennies la croissance de la richesse n'a concerné véritablement que les très hauts revenus (les 0,001%) et que même le haut des classes moyennes est perdant. Extrapolons un peu et, au regard des discours du pouvoir en place en France, ne pouvons-nous pas anticiper que ce graphique montre ce qui nous attend ?  
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  • daumier-croquis-aquatiques-lithographie-tirc3a9e-du-charivari-xixe.jpg« Histoire de la trempette [1/2] : les premiers bains de mer ou l'histoire d'un scandale » - entre l'époque des bains de mer et et celle de l'été à la plage, Savoirs d'Histoire nous mène du monde où les bourgeois étriqués faisaient la fortune de soigneurs astucieux, cachés sous des habits ridicules pour se mettre dans l'eau, jusqu'à la bronzette sensuelle des corps dénudés qui cachent à peine ce qui craint le sable. Avec un vocabulaire et des phrases à déguster, Priss nous mène de la plage respectable à la plage démocratique, de la santé au loisir, de la morale rigide à la liberté des êtres.
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  • L'inégalité est un crime contre l'humanité. Cet article de la revue Nature (en anglais) est tout à fait explicite : la pauvreté obère le développement du corps et de l'esprit, dès les premières semaines du nourrisson. « How poverty affects the brain » montre les effets délétères de la pauvreté tant sur la mère, plus souvent dépressive à la naissance de l'enfant que dans les milieux aisés, que sur le nourrisson, le bébé, le petit enfant, l'enfant, l'adolescent et l'adulte. La mesure du moindre développement cérébral, des retards de croissance, de la taille adulte diminuée confirme ce qui avait déjà été observé à Londres au XIXème siècle : les ouvriers y faisaient en moyenne 15 cm de moins que les aristocrates. Cet article montre que l'inégalité sociale crée des mécanismes de constitution d'inégalité des êtres, dans leur développement même et vérifier l'impact d'autres éléments comme l'attention, l'affection ou le soin ne modifie pas le constat. La pauvreté, le statut d'infériorisation, abaissent et rabaissent tout, le corps comme l'esprit, appauvrit les relations, appauvrit les interactions avec le bébé et condamne dès la naissance le petit humain. J'en ai fait un billet sur mon blog.
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  • « Devons-nous la modernité au capitalisme ? » - Ben, non ! Dans cet article (en français) de El Correo, Jorge Majfud développe l'idée et montre tout ce que le capitalisme doit au désintéressement et à un passé millénaire de partage des connaissances. C'était avant l'existence de la "propriété intellectuelle », cette sorte d'enclosure de l'esprit, qui prétend faire payer des droits d'auteur à qui siffle l'Internationale.
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  • robot.png« Au-delà des fantasmes, quels  sont les problèmes concrets que pose l'intelligence artificielle ? » - On nous rebat les oreilles, depuis l'Elon Musk a fait peur aux journalistes, de l'Intelligence Artificielle qui voudrait beaucoup de mal aux humains, plus de mal encore que les humains eux-mêmes. Alors, les machines cesseront-elles d'être des objets pour devenir des êtres demain ? Vont-elles vouloir nous manger tout crus ? Ou vont-elles nous libérer du travail en faisant à notre place tout ce qu'il nous est pénible de faire ? Ah, non. Ce n'est pas le sujet de l'article. Le sujet c'est qu'on n'a pas fini de trimer, qu'il y aura bientôt à nouveau du travail pour tout le monde. L'article est bien fait, le journaliste s'est documenté, mais on a quand même l'impression qu'il a gobé des promesses de campagne électorale.
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  • Le manspreading - lamanspreading-100.png compagnie municipale des transports de Madrid affiche désormais ce pictogramme qui signifie : il est déconseillé de s'aérer les couilles pendant le trajet. Nan ! Je déconne. C'est un vrai picto et il vient vraiment de Madrid où la compagnie lutte contre les mecs qui ont des boules tellement grandes qu'elles ne tiennent pas entre leurs jambes dans la position assise. On se demande d'ailleurs comment ils font pour marcher, comme l'ancêtre du genre homo qui dodelinait du bassin ? En tout cas, le métro parisien réfléchit aussi à la manière de traiter les gugusses qui payent un seul ticket et occupent trois places. Claudine VanSickle, anthropoloque évolutionniste spécialisée dans la différenciation des pelvis mâles et femelles dans les squelettes de nos ancêtres, a failli s'étrangler au petit déjeuner en tombant sur un article qui défendait cette attitude comme "une nécessité anatomique" pour les couillus, ou se présumant tels.  Elle sait de quoi elle parle, Claudine. Et elle pique une colère contre cet article deux fois stupide. D'abord parce qu'il raconte n'importe quoi sur l'anatomie et ensuite parce que, par ses explications sur les petites différences anatomiques dans l'espèce humaine il subodore, sans le dire, qu'il y aurait des races humaines. Dont certaines qui ont plus que d'autres besoin d'écarter les jambes dans les transports publics, aux heures de pointe de préférence. Bref, elle démontre fort brillamment (en anglais) que sornettes et billevesées, les positions corporelles sont à la fois culturelles et dues aux postures adoptées par les individus qui, ce faisant, entraînent muscles et os à cette position plutôt qu'à une autre. Ce sont donc juste des goujats. Cependant, cette affaire de manspreading ne semble pas si récente, on en trouve même sur les lettrines des parchemins du XIVème siècle...
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  • Espagnol ou anglais ? Oui, c'est vrai que, souvent, je fais des liens vers des articles en anglais ou en espagnol. Ce n'est pas un choix éditorial, comme disent les professionnels. Mais c'est là-dessus que je tombe. Alors, non, je ne parle toujours pas anglais, je peux donc faire de gros contresens. Mais je m'applique et il y a des dictionnaires en ligne. Mais pour l'anglais comme pour l'espagnol je m'aperçois qu'au bout de deux ans à ne pas relâcher l'effort pour lire ces langues, ça rentre. Certes, pour l'espagnol, j'avais des bases, mais quand même, il y a beaucoup de mots étrangers au français et au portugais dans cette langue-là. Par exemple, je tombe régulièrement sur le mot "suele" et je n'ai toujours pas compris ce qu'il signifie. Il se trouve qu'en anglais on trouve tout, quel que soit le sujet auquel on s'intéresse et qu'en espagnol il y a beaucoup de choses, de bon niveau, concernant la paléoanthropologie, péché mignon que je cultive aussi. Les archéologues espagnols aiment publier sur le web, se commenter entre eux ce qu'ils publient et résumer en espagnol avec force détails leurs publications scientifiques en anglais. Ils ont raison, j'ai l'impression d'être à l'université avec eux. Certains, même, publient d'abord en catalan et longtemps après en espagnol, du coup, le catalan rentre aussi. Voilà donc les raisons de toutes ces langues étrangères dans mes liens. Je mettrais volontiers des liens exclusivement en français, mais je ne trouve pas la même abondance dans cette langue qui semble chercher à se faire doubler par les autres.
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  • GuerreEspagne-200.jpgComment les envoyés spéciaux français, de tous les camps, ont-ils rendu compte de la guerre d'Espagne il y a 80 ans ? Depuis 1934 dans les Asturies, en 1936 dans toute l'Espagne, ce n'était pas seulement la République, c'était une révolution, aux accents anarchistes, qui avait cours. Le coup d'État de Franco le 18 juillet 1936 a été un échec. Il a initié une guerre civile afin de mater un peuple en armes, à la conquête de sa liberté, et qui organisait une société sans classes, sans inégalité, sans argent. L'article « Envoyés spéciaux de la guerre d'Espagne » d'Anne Mathieu dans Le Monde Diplomatique rend compte du regard journalistique français sur cette période. Avec de très belles aquarelles de José Luis Rey-Vila, dit Sim. L'article est en lecture libre.
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  • Vous connaissez l'histoire du gars qui a bu un coup, fait le plein en oubliant de payer, a négligé le contrôle technique de sa voiture, qui n'a plus le permis et qui vole deux poteaux d'éclairage qu'il transporte discrètement sur le toit d'une Twingo ? Le Soir, journal belge francophone, raconte joliment cette histoire néerlandaise. Mais l'histoire de l'homme déguisé en siège qui conduit une voiture sans chauffeur n'est pal mal non plus.
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De la dette à la guerre, ma production de ce mois d'août - ​baillon.pngLorsque les Européens sont partis à la découverte/conquête du monde, l'organisation sociale chez nous tournait autour de ce que Germaine Tillion a appelé « la république des cousins » alors que la quasi-totalité des peuples que nous sommes allés rencontrer vivaient dans des « républiques des beaux-frères ».
Mon objet ici est de rapprocher ces formes de structuration sociale avec les formes du rapport aux autres qu'elles induisent : pacification par la réciprocité et l'institution du don/contre-don d'un côté (l'interdépendance comme système), pacification par le rapport de forces entre groupes auto-suffisants (l'autonomie comme système). Dans le premier cas l'exogamie est au fondement de la société, dans le second c'est l'endogamie, dans sa forme spécifique du bassin méditerranéen, avec ce qu'elle comporte comme situation de domination de la femme. Ce texte est un essai de rapprochement des hypothèses de Germaine Tillion et des thèses développées par David Graeber dans son livre Dette, 5000 ans d'histoire.
 
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