Glanages, #3

  • Les entrelacs... - Bernard est passionné par ces figures faites d'éléments qui apparaissent puis disparaissent, fils ténus qui semblent s'arrêter ici mais reviennent là. Soleil et Lune, vie et mort. En apparene l'entrelacs manifeste une pensée dualiste. En regardant de plus près, elle est peut-être ternaire. Le troisième élément est la figure elle-même formée par cet entrelacement, le binaire, dans sa répétition, génère un élément complexe qui n'est pas réductible à la simple addition de ses éléments. Il n'y aurait pas de vannerie ni de tissus sans l'entrelacement.

Triquetra-circle-interlaced.pngPourquoi Soleil et Lune ? C'est un constat de la différence d'approche entre les entrelacs du sud (géométriques) et les entrelacs du nord (luxuriants). Les premiers, comme le soleil qui baigne ces civilisations, répètent un ordre. Ils sont une organisation mathématique, ils manifestent leur obéissance à une loi tel le Soleil dont le mouvement dans le ciel est si régulier. Les seconds semblent se déployer à la va comme je te pousse, faisant appel à la fois au monde végétal et à la course apparemment erratique de la Lune. Si les premiers manifestent et glorifient le jour, les seconds semblent manifester et glorifier la nuit. On trouve les deux formes dans les cultures celtiques (sauf en Espagne et au Portugal où on va plutôt trouver des entrelacs solaires)  et les entrelacs luxuriants ou débridés dans les cultures nordiques (les Mayas avaient pour emblème le nœud, forme simple d'entrelacs à associer à leur conception cyclique du monde). Les entrelacs débridés semblent s'adresser au monde souterrain, d'où sourd la vie. Finalement, ce qui paraît n'être que de si jolis assemblages porte un rapport au monde, une philosphie de l'organisation sociale : l'ordre et la loi, le contrôle (et le luxe ? lux = lumière) associés au Soleil et à l'homme, en haut ; le désordre, la luxuriance (la luxure ?) et l'affect associés à la Lune et à la femme, en bas. Notez aussi que la répartition géographique de la forme de l'entrelacs correspond à une situation symbolique et sociale de la femme très différente. Où ça va se nicher ! Je me suis toujours demandé pourquoi il y a tant d'entrelacs dans l'architecture romane et pourquoi ils sont disparus avec le gothique. Il y a là deux sujets de billets.

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  • De la dette à la guerre - Non, rien à voir avec la Grèce moderne. Deux livres m'ont paru porter des développements très complémentaires sur la naissance du patriarcat, celui de Germaine Tillion Le Harem et les cousins et celui de David Graeber Dette 5 000 ans d'histoire. J'ai voulu les rapprocher. Ce texte est exactement cela, le rapprochement de deux réflexions et non une thèse personnelle. J'y pose les affirmations de l'un et de l'autre mais le texte est loin d'être fini, c'est encore une ébauche. Les vacances de la famille arrêtent pendant quelque temps mon onanisme intellectuel. Je pose ça là, pour y revenir. Une question m'interpelle beaucoup, celle d'une sorte de consensus sur l'apparition du patriarcat grosso modo au milieu du deuxième millénaire avant notre ère. Or, déjà à Sumer il me semble qu'il y avait un "droit des pères" très antérieur. Comme si les bases culturelles du patriarcat s'étaient mises en place avant. Effet de la ville ? Culture antérieure ? Ça me turlupine. Un truc à creuser.
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  • « Derniers pas vers la sélection humaine » - l'idée de l'amélioration de l'espèce humaine, de manière consciente et volontaire (comme les éleveurs ont « amélioré » des espèces domestiquées telles les vaches) fait partie de ces délires des darwinistes sociaux du XIXe siècle produits par des philosophes de l'inégalité, racistes et malfaisants comme Sir Francis Galton. On appelle cela l'eugénisme et, depuis sa théorisation, il n'a pas manqué de criminels d'État pour le mettre en pratique. Ici Jacques Testard propose une réflexion très documentée sur l'avenir des techniques génétiques et des sélections, voire des transformations, qu'elles permettent. Des humains OGM... (pas abonné au Monde Diplo ? Je peux t'envoyer le PDF, demande ici). Il faut que je pense à créer une rubrique de toutes ces personnalités qui mériteraient de figurer dans dans un Panthéon de l'Indignité Humaine.
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  • Revue Clio, n° 16 - point d'étape, en 2002, sur l'histoire des femmes et l'anthropologie des sexes, le double regard ou les regards croisés de l'historien et de l'anthropologue. Où il est dit que la question du pouvoir et de l'inégalité est constitutive de la construction culturelle de la séparation des sexes.
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corbeau.png« Les corbeaux sont si malins qu'ils sabotent les expériences des chercheurs » - étonnants, les corvidés, eux aussi sont des hackeurs ! On fait des expérimentations sur eux pour tester leur intelligence, ils arrivent à se refiler la solution du problème les uns les autres ou carrément à contourner l'expérience pour chiper la récompense sans y participer ! « L'oiseau a dû être retiré de l'expérience avant qu'il apprenne aux autres corbeaux comment pirater le système des chercheurs » - explique l'article. Peut-être, à notre insu, sont-ce les corbeaux qui nous testent ? En tout cas, pour Sciences et Avenir, « ils font preuve de capacités étonnantes, parfois très similaires à celles des humains ». 
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  • « Pierre Rosanvallon : De l'égalité des chances à la société des égaux »  - il s'agit, je cite, du « Compte rendu de la conférence de Pierre Rosanvallon sur le thème de l'égalité des chances, lors du colloque "Inégalités et justice sociale" organisé à Bordeaux en 2013. Pierre Rosanvallon a d'abord développé une analyse historique et critique des notions de mérite et d'égalité des chances, puis il a précisé comment l'idée d'égalité pourrait être redéfinie de nos jours afin de construire une "société des égaux" ». Après avoir fait un compte-rendu historique de la notion « égalité des chances », Pierre Rosanvallon trace des pistes en seconde partie (« Quelle philosophie sociale de l'égalité pour les sociétés actuelles ? »)  pour redéfinir ce qu'il appelle « l'esprit de l'égalité ».
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  • Un peu de novlangue : dans le JDD du 22 juillet, le fringant ministre de l'Éducation nationale nous donne son avis sur le libéralisme. « Le vrai ennemi du service public, c'est l'égalitarisme ; son ami, la liberté. La liberté bien conçue favorise l'égalité » - Mettez "risme" à égalité et vous pouvez vous permettre de l'insulter, la dévaloriser, l'expulser pour mettre à sa place la « liberté » et faire oublier qu'on veut dire « libéralisme ». Mais on veille au grain. Alors je réécris la phrase, telle qu'elle aurait dû être prononcée (enfin, si j'avais été ministre de l'ÉN mais on ne m'a pas demandé) : « Le vrai ennemi du service public c'est le libéralisme ; son ami l'égalité. L'égalité dans toute sa plénitude favorise la liberté ». Alors ? C'est pas mieux comme ça ? 
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Comme c'est l'été, un peu de détente avec cet extrait de « Un roi à New-York » de Charlie Chaplin (1957) qui joue le rôle du roi tandis que son fils joue le rôle d'un enfant soi-disant anarchiste, mais c'est drôle. On y sent toutes les valeurs des années 50 et la foi dans le progrès avec une pincée de confusion entre libertaire et libertarien, ce que semble plutôt être cet enfant. Avec peut-être cette excuse que les deux se traduisent par le même mot en Anglais. 
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  • « Vie et mort du patriarcat » - par Sylvain Reboul, enseignant en philosophie. Un texte pas trop long qui pose les problématiques et les évolutions actuelles de la société, où le patriarcat se dissout et perd de sa vigeur, de manière claire et fort compréhensible.​
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  • « Les Sybarites, les rois de la glande » - Ils pouvaient glander, à l'époque c'étaient des esclaves qui leur faisaient tout. Les Sybarites étaient des rentiers. Riches, donc, convoités. Et un jour, peu au fait des efforts, pas entraînés, ils sont défaits et conquis. Mais par la suite il arrive des bricoles au méchant, on est content ! Ceci dit, les Sybarites étaient vraiment mous du genou, n'ayant rien à faire ils ne s'en privaient pas. Et nous, qui pourrions faire faire pratiquement tout par des machines, robots, ordinateurs... pourquoi ne nous sybaritisons-nous pas ? La vie a-t-elle vraiment pour raison de nous faire gagner des sous pour un patron ? Ben, non ! Alors, arrêtons. Faisons travailler les machines, partageons ce qu'elles produisent et glandons.
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