Qui veut noyer son chien l'accuse de la rage

La géostratégie sudaméricaine n'est pas dans mes compétences, mais je constate que depuis une dizaine d'années arrivent au pouvoir des gens inattendus dans beaucoup de ces pays. Un pays oligarchique comme le Brésil a élu Lula, un ouvrier métallurgiste, à la présidence de la république fédérale, en Bolivie c'est aussi un syndicaliste, Evo Morales, d'ascendance amérindienne qui est président. Il est ami d'Hugo Chavez, plusieurs fois président du Vénézuela et dont on a d'autant plus entendu parler qu'il s'est attaqué de front à des monopoles et oligopoles et qu'il a mis en place des politiques sociales avec la rente pétrolière de son pays. J'apprends dans la Wikipedia que "Le Venezuela a ainsi conforté pendant le mandat de Chavez sa position de pays le moins inégalitaire d'Amérique du Sud", ce qui n'est pas rien dans ce continent. En Équateur ce sont des présidents de gauche qui se succèdent avec Rafael Correa puis Lenin Moreno. En Uruguay c'est José Mujica, un guérillero des Tupamaros, qui devient président de la République. Nombre de ces dirigeants ont connu les geôles des dictatures, parfois la torture. 
Cette situation tranche avec ce que l'on connaît de la violence politique de l'Amérique du Sud, des dictatures sanglantes qui y ont étouffé les revendications et les luttes populaires, telle celle du général Pinochet au Chili après un coup d'État du 11 septembre 1973 et l'assassinat du président socialiste Salvador Allende, après une instabilité organisée par les États-Unis à la suite des nationalisations effectuées par le gouvernement d'Allende.
La situation actuelle au Vénézuela, dont les médias nous rebattent les oreilles au sujet d'une "dictature" dont on peine à croire l'existence, ne manque pas de me faire penser au Chili d'Allende. En 1971 Allende a nationalisé les mines de cuivre, au Vénézuela c'est la nationalisation des principales industries clés et, en 2007, la politique de contrôle des réserves pétrolières et la redistribution de cette énorme rente en politiques sociales. 

ReservesPetroleVenezuela.png

Comme le montre le graphique ci-dessus, les réserves de pétrole prouvées au Vénézuela sont les plus importante du monde (voir ici des détails). Et (je ne peux m'empêcher de penser : "bien entendu") il y a déchaînement de dénonciations contre les présidents de ce pays, d'abord Chavez puis aujourd'hui Maduro. Des dictatures dont on n'entend pas parler, des vraies où on coupe la tête des opposants et où l'on fouette à mort les athées, j'en connais. Elles ne sont pas de gauche. Et je ne peux m'empêcher de remarquer la violence déployée par l'opposition vénézuélienne sans me dire que ce pays sera bientôt victime ou d'un coup d'État ou d'une guerre civile. L'enjeu est la privatisation de l'énorme manne de bénéfices qu'on ne peut manquer d'espérer de ce pétrole, bénéfices qui, aujourd'hui, sont principalement captés par l'État vénézuélien au profit de sa population et non par les actionnaires des multinationales pétrolières.
Ignorant de ces questions je peux lourdement me tromper. Mais mon petit doigt me dit...
 


[ajout du 13/9/17] - Claire a fait comme moi, interloquée par l'apparition soudaine du Vénézuela dans le débat politique, elle est allée voir d'un peu plus près de quoi il retourne. Et il se trouve que quand on cherche, on trouve à peu près la même chose :

LesChosesAuClaire-Venezuela.png
 


 

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